Après trois années passées dans Night City il nous est enfin possible d’explorer une nouvelle histoire et de rencontrer de nouveaux personnages dans de nouveaux lieux. L’extension Phantom Liberty pour Cyberpunk 2077 nous plonge dans un thriller d’espionnage dans lequel V doit résoudre le mystère du crash de l’avion présidentiel en pleine zone de non-droit tout en explorant une piste prometteuse pour se guérir de son problème de Relic. Entre personnages stupéfiants et ambiance radicalement différente, est ce que Phantom Liberty est véritablement le dernier acte de la rédemption de Cyberpunk 2077 ?
Une ambiance toute autre
Phantom Liberty est une expérience radicalement différente de celle du contenu principal. Le DLC s’assume comme étant plus sombre, plus mature et bien plus oppressant (tant dans son level design et dans la structure de ses missions que dans ses thèmes abordés). L’on reste bien évidemment dans ce qui fait le cœur du genre cyberpunk avec son univers dystopique à la violence omniprésente ; univers écrasé par les mégas corporations, les forces de l’ordre corrompu et l’oubli général de la notion d’une humanité à la recherche du bien et du beau.
Cette ambiance nouvelle nous donne une nette impression qu’il y a, un avant et un après Phantom Liberty. Comprenez ici que tout ce qui a trait au DLC a l’air d’appartenir à un tout propre à lui-même plutôt que partie seulement de l’univers existant. C’est tout à fait ce à quoi pensaient les scénaristes en présentant Dogtown et ses enjeux comme étant une enclave dans Night City.
Dogtown : une ville dans la ville
Mis à part les quêtes ajoutées, le plus gros du DLC est la nouvelle zone visitable du jeu : le district de Dogtown. Enclavées au cœur de Pacifica, une zone déjà très dangereuse, cette zone de combat n’obéit qu’à sa propre violence. Dirigée par Kurt Hansen, un ancien de Militech devenu prince du crime organisé, Dogtown est truffée de gangs, marchés noirs, trafiquants de drogue et criminels recherchés. Le terrain de jeu parfait pour une aventure d’espionnage et de politique qui trouve sa place dans la narration originelle de notre personnage principal.
Bien plus dense et verticale que d’autres quartiers de Night City, Dogtown compte un nombre de lieux visitables moins important mais bien plus détaillés. Chaque zone de mission est large, propose différentes approches et se positionne dans l’ambiance sombre voulue par les équipes de CD Projekt Red. En plus de cela, des largages d’équipements se feront aléatoirement dans la ville ce qui vous donne une raison supplémentaire d’arpenter les rues et vous fondre dans la masse informe qu’est Dogtown.
Des personnages convaincants
Qui dit nouvelle trame scénaristique dit nouveaux personnages. Phantom Liberty n’est pas avare en personnages écrits avec brio et interprétés à la perfection. Le jeu est, en effet, particulièrement apprécié pour le naturel convaincant de ses dialogues et par la qualité de ses doublages. Ici, en plus du retour de l’iconique Keanu Reeves dans le rôle du rocker boy Johnny Silverhand, l’on nous propose de côtoyer Solomon Reed (Idris Elba), un agent secret mis en sommeil avant les événements de l’extension, Rosalind Myers, la présidente des NUSA et Song So Mi, une analyste travaillant pour les services de renseignements des NUSA.
Les doublages sont ici encore davantage soutenus par une motion capture améliorée : les visages, les expressions et micro expressions des personnages sont visibles, réalistes et immersifs. En somme, le jeu s’offre une dimension humaine bien plus marquée que dans le contenu de base qui avait déjà mis la barre très haute ! Attachement au personnage garanti ! Cet attachement va d’ailleurs servir un élément narratif capital au jeu que je vais aborder sous peu.
l’importance des choix
La narration de Phantom Liberty repose en grande partie sur les choix. Les quêtes principales comme secondaires sont travaillées de telle sorte à ce que le protagoniste principal soit amenée à prendre des décisions radicales et souvent définitives. Il s’agit par exemple de prendre le parti d’un personnage plutôt que celui d’un autre, choisir de cacher des informations ou de les révéler, décider de tuer ou d’épargner des vies.
Cette façon de nous dérouler l’histoire va de pair avec l’écriture et l’acting des personnages impliqués puisque j’ai véritablement passé plusieurs minutes avant de prendre une décision parce que je ne voulais pas vexer ou blesser un personnage entièrement fictif qui cesse d’exister quand je ne suis pas devant mon écran. C’est là pour moi toute la magie de cette extension : mes choix, vos choix ont une importance majeure dans l’histoire et il n’est pas possible de faire des compromis dans la grande majorité des cas.
Le studio s’est véritablement positionné dans un schéma narratif qui pousse le joueur à clairement prendre parti. Ce qui est d’autant plus dur quand l’on s’attache si facilement aux personnages, à tel point que l’on en vient à les croire réels et dotés de sentiments.
Un DLC qui exploite parfaitement la mise à jour 2.0
Pour celles et ceux qui ont lu mon test sur la mise à jour de Cyberpunk 2077, vous vous souviendrez sûrement que j’évoque et soutiens l’idée d’une totale refonte de gameplay. Il s’avère qu’elle s’insère particulièrement bien dans la narration et dans l’immersion de ce contenu additionnel puisqu’elle rend la furtivité (intrinsèque aux opérations secrètes des espions) bien plus intéressante et récompensée, mais aussi renforce la difficulté des combats lors de face-à-face contre des boss et des groupes d’ennemis toujours plus forts et adaptatifs à votre gameplay !
L’ajout des points de compétence propre à la puce logée dans votre cerveau a aussi la part belle dans le gameplay de cette extension et offre de nouvelles possibilités de gameplay tout en s’appuyant sur la logique diégétique de Cyberpunk.
En conclusion, je remarque bien que CD Projekt a appris de ses erreurs et a capitalisé sur le succès renaissant de son jeu ainsi que sur l’excellente série Netflix Edgerunner. L’on nous propose ici une aventure radicalement différente qui brille par ses nouveaux personnages, son ambiance et son style de narration. Mis de paire avec la 2.0, il est difficile de ne pas affirmer que Cyberpunk 2077 s’est offert une véritable rédemption avec ce qui est à mon goût l’un des meilleurs jeux de cette décennie. Il ne nous reste plus qu’à espérer qu’ils resteront dans cette mentalité pour leur travail sur le projet Orion (Cyberpunk 2077 épisode 2 ?)