Le Salaire de la Peur est un film sorti en 1953, il a été réalisé par Henri-Georges Clouzot et il est l’adaptation du roman éponyme sorti quelques années plus tôt en 1949. Cette année Netflix et Julien Leclercq nous proposent une version réécrite de cette œuvre des années 50. Malheureusement, le film n’était vraiment pas à la haute du public et de la presse et si on avait plutôt bien aimé, The Marvels contre l’avis général. Ici, ce n’est pas le cas, honnêtement, je ne sais pas comment c’est possible de sortir un film comme ça. Regardons ensemble ce qui ne va pas dans ce film avec en tête d’affiche Alban Lenoir, Franck Gastambide et Sofiane Zermani.
800 km dans le désert !
Pour le scénario, on retrouve dans les grandes lignes, l’histoire du film de Henri-Georges Clouzot. Sauf qu’ici l’aventure ne se déroule pas en Amérique Centrale, mais dans le désert Marocain.
Fred, un ancien garde du corps, s’occupe après une mésaventure, d’un camp de réfugiés. Clara, qui fait partie d’une ONG, travaille aussi dans ce camp, alors qu’elle est en route pour y ramener des vaccins, elle est prise en chasse par des pirates. Grâce à l’intervention de Fred, elle parvient à s’en sortir, cependant les échanges de tirs près du camp ont endommagé le puits de gaz.
La solution pour empêcher que cela empire, faire exploser le puits pour éviter qu’il explose, excellente idée ! Pour ce faire, Fred et des membres de son ancienne équipe ainsi que son frère et Clara partent dans une base pour récupérer 200 kilos de nitroglycérine.
Évidemment, pendant le voyage, il va se passer plusieurs péripéties et les personnages vont en baver. Avec ce scénario orienté action le film aurait pu tenir la route, malheureusement, les effets spéciaux sont à la ramasse. Côté montage, ce n’est pas mieux non plus.
Des effets spéciaux à la ramasse
C’est un des énormes points faibles du film, les effets spéciaux sont complètement hors du temps. On a vraiment l’impression de regarder un film du début des années 2000, ce n’est absolument pas convaincant. 90 % des scènes avec des explosifs sont gâchées, je pense notamment à la scène ou le quad roule sur une mine, s’en est même risible.
C’est incompréhensible ! Comment peut-on avoir ce genre d’effets spéciaux avec un film qui a derrière lui, Netflix, TF1 et Labyrinth Films à qui l’on doit L’assaut et Braqueurs. Deux films qui étaient très convaincants au niveau des scènes d’action.
Si seulement il n’y avait que les explosions qui pêchaient, on aurait pu faire abstraction. Mais la moindre scène qui comporte des effets spéciaux est complètement ratée. À un moment, ils sont dans un hélicoptère et se font attaquer par des hommes avec des lance-roquettes. Les manœuvres d’évitement de l’engin volant sont horribles à voir. Très honnêtement, je ne comprends pas comment on peut sortir un film comme ça. Ça aurait été un film indé avec un petit budget, pourquoi pas. Mais là, avec autant de monde et de productions derrière lui, je vais me répéter, mais, comment cela est possible ?
Un montage qui ne fonctionne pas
Après les effets spéciaux, c’est au tour du montage et du déroulement du scénario de nous remettre un coup derrière le crâne. Je ne vous ai pas trop dévoilé le scénario au début de l’article au cas où vous souhaiteriez voir le film. Mais sachez qu’il y a un drame familial entre Fred et son frère. Un drame qui est expliqué via des flash-backs qui interviennent plusieurs fois dans le film.
Après la course-poursuite, on voit un plan sur la partie du puits de gaz qui est endommagé, suit alors une scène de coït entre Fred et Clara, puis on revient dans le passé. Ces aller-retours entre présent et passé vont avoir lieu pendant tout le début du film jusqu’à ce que les deux frères se retrouvent.
Ce genre de montage et de mise en scène fonctionne avec des films à suspens. Ici, ce n’est pas le cas, le scénario est prévisible en tout point. Ici, le montage n’instaure pas un suspens, mais nous coupe dans un scénario qui peine à nous tenir en haleine.
Un casting pas très convaincant
Après les effets spéciaux, le montage, c’est au tour du casting d’être déceptif. On retrouve dans ce film Franck Gastambide dans le rôle de Fred et Ana Girardot dans le rôle de Clara. L’actrice du Flambeau apporte une prestation raisonnable, en revanche, j’ai été fort déçu de Monsieur Gastambide. Je l’avais pourtant trouvé très convaincant dans sa propre série, Validé. Malheureusement, ici, il est assez faible et le rôle ne lui convient pas.
À leur côté, on retrouve Bakary Diombera que l’on avait pu voir dans La vie scolaire ou encore Banlieusard et Sofiane Zermani, le rappeur Fianso. L’excellent rappeur du 93 avait fait ses armes pour la première fois sur grand écran dans le long-métrage Terremère de Aliou Sow. Encore une fois, c’est une grosse déception, j’avais vraiment adoré sa manière d’acter dans Sous emprise sorti en 2022. Malheureusement, ici, je ne l’ai pas trouvé assez convaincant.
Ce qui empêche sûrement ces acteurs de performer, normalement, ce sont les scènes de combat. Les gunfight restent passables, en revanche les scènes de combat à main nue sont complètement raté. Elles ne sont pas naturelles, on a l’impression que les acteurs ne se frappent pas réellement dessus. Ces scènes sont très mal chorégraphiées et parfois surréalistes. Je pense notamment à cette scène au début du film, ou Alka Matewa envoie un de ses adversaires sur un banc en bois et celui-ci explose. Ce sont des humains, pas des super-héros, à aucun moment ce n’est crédible.
Enfin, Alban Lenoir qui incarne Alex, le frère de Fred, c’est l’acteur qui relève le niveau du film. Il est convaincant que ce soit dans le personnage, ou dans les scènes d’action.
Une bande son qui relève le niveau
Bon, depuis le début de l’article, je tape sur le film, mais on peut tout de même saluer la performance d’Eric Serra, le compositeur du film. Nous avons pu entendre ces mélodies dans Le Grand Bleu, Le Cinquième Élément ou encore Lucy pour ne citer qu’eux.
Ici, la bande son est, vraiment prenant, elle accompagne des scènes d’action qui ne sont pas à la hauteur de celle-ci malheureusement. Sur cette bande-son de trente titres, on retrouve des musiques assez frénétiques jouées par un orchestre. Et à l’inverse des titres plus calmes et posés, joués par de la musique synthétique.
Malheureusement, Le salaire de la peur laisse autant un goût amer qu’une mauvaise paie. C’est très décevant et pour nous et pour le cinéma français à qui ce film ne rend pas hommage. Car on le sait, on peut faire de super films orientés action, ce n’est pas le cas ici. Saluons tout de même les performances d’Ana Girardot, Alban Lenoir et Eric Serra qui relève le niveau de ce long-métrage signé Julien Leclercq.