Récemment, nous vous avons parlé de la Scientific Game Jam et des résultats de l’édition Online 2024. Nous avons pu discuter avec Solenne Marty et Pol Grasland-Mongrain les organisateurs de cet événement. Ils nous ont parlé de l’événement, de la création à l’organisation, mais aussi des imprévus qu’ils doivent gérer. Partons ensemble à la découverte de cette magnifique aventure qui mélange la science et le jeu vidéo.
Pouvez-vous vous présenter ?
Solenne Marty : Moi je suis Solenne Marty, je viens du jeu vidéo de la partie 3D game artist et depuis quelques années via La Science Entre En Jeu, je m’occupe d’organiser les Game Jam en ligne mais aussi en présentiel. Je m’occupe aussi de la création des espaces virtuels, l’espace sur lequel nous sommes (sur le site Gather Town), c’est quelque chose que j’ai conçu exprès pour l’association.
Pol Grasland-Mongrain : Je suis un ancien chercheur, j’ai fait des études en physique, j’ai fait une thèse à l’université de Lyon. Après cela, j’ai effectué des contrats de recherche dans les villes de Montréal et Lyon. Depuis 2020, je forme des jeunes chercheurs, notamment des doctorants, à mieux communiquer autour de leur recherche. J’ai une deuxième casquette, je suis développeur de jeux vidéo. On a repris le concept des Scientific Game Jams, qui avait été lancé quelques années auparavant, avec notamment plusieurs éditions à Grenoble. L’idée était de rassembler ces deux thématiques, la science et le jeu vidéo. Ces Game Jam permettent de parler de science avec le jeu vidéo et surtout de mettre en avant les projets scientifiques des chercheurs et chercheuses. La première Scientific Game Jam a eu lieu il y a 10 ans, et avec notre association, nous avons déjà organisé 8 éditions.
Solenne reprend : Effectivement l’année dernière, il y avait trois sites, un à Lyon et à Paris et une édition en ligne.
Pol conclut : En fait, on fait deux Game Jam par an, la Scientific Game Jam qui se déroule au printemps avec plusieurs villes. À l’automne, nous organisons une Game Jam spéciale histoire en partenariat avec un festival qui s’appelle Les rendez-vous de l’histoire. Cette année, ce sera la troisième édition de la Game Jam, l’idée, c’est de faire des jeux vidéo autour de l’histoire.
Cette année, la Scientific Game Jam s’est déroulée dans plusieurs, comment faites vous pour organiser de tels événements ?
Pol GM : Ce n’est pas facile (rire), mais on s’en sort. Faut trouver du monde et je suis très content que la ville de Montréal ait participé cette année pour la première fois. Tout cela s’organise beaucoup avec les contacts. Les gens entendent parler de l’événement, ils apprécient ce que l’on fait et on envie d’en organiser. Nous, on est là en support pour les aider ou les organiser directement. Par exemple, la online et celle de Lyon ce sont vraiment Solenne, David ainsi que deux trois autres personnes et moi-même qui nous occupons directement de l’organisation. On aidé celle de Montréal et de Lille, on a donné des conseils, trouvés du monde pour les organiser. Certains sont assez indépendants, la ville de Grenoble gère l’événement depuis des années, on n’a pas spécialement grand-chose à leur rapporter. On essaie de créer du lien entre les équipes, notamment via le coup de cœur du public, on encourage tous les gens à tester les jeux en les rassemblant sur la même page web.
Solenne Marty : Niveau communication, c’est un peu comme un collectif, on essaye de faire des partenariats pour l’ensemble des jeux et de recenser tout cela sur le site internet de la SGJ.
Comment ça se passe au niveau technique pour l’organisation de ce genre d’événement ? Les participant(e)s ramènent leur matériel ou vous le fournissez ?
Solenne Marty : Tout dépend de l’édition, quand c’est l’édition Online, tout le monde à son matos directement à la maison, c’est le plus simple. Sur les éditions physiques, je vais prendre l’exemple de Lyon. On informe bien les participants et participantes que nous avons la salle, les tables, les chaises et que nous fournissons la nourriture. En revanche, on leur précise bien de ramener leur matériel, ordinateur, multiprise, écran, etc. L’année dernière, lors de l’édition qui s’est déroulée dans la capitale, les écrans étaient fournis. Tout dépend du lieu où est organisé l’événement.
Quels sont les incidents les plus complexes à gérer lorsque vous organisez cet événement ?
Solenne Marty : L’imprévu, je dirais (éclats de rire des deux intervenants) ! Par exemple, on a des gens qui s’inscrivent, mais ne sont pas présents au rendez-vous. C’est pour cela qu’on a créé des files d’attente pour les inscriptions, comme ça, on peut voir qui reste jusqu’à la fin et qui se désinscrit. Si jamais on a des désistements de dernière minute, on peut contacter d’autres personnes pour combler les effectifs. Après, en termes d’imprévus, tout dépend de l’édition, l’événement Online, ça peut aller. C’est surtout lors des événements physiques qui nous arrivent le plus de complications. Est-ce qu’on arrive à récupérer les clés à la bonne heure pour tout installer à temps où alors des soucis techniques qui font qu’on va démarrer avec un peu de retard ? Dans l’ensemble, tout se passe relativement bien, s’il y a un problème, on trouve toujours des solutions sur place avec les bénévoles.
La première Scientific Game Jam s’est déroulée pendant la crise sanitaire, pouvez-vous nous raconter comment cela s’est passé ?
Pol GM : Oui, en fait la première que nous devons organiser devait avoir lieu fin mars 2020 à Lyon. Malheureusement, le confinement a été annoncé trois jours avant la tenue de l’événement, on a été obligé d’annuler. C’était même impossible de la faire en ligne dans des délais aussi courts. On a repoussé une deuxième fois pour tenter de l’organiser en présentiel, mais ça a une nouvelle fois été annulé. On a donc décalé une dernière fois en octobre 2020, mais en décidant de faire cette première édition en ligne. Tout s’est passé sur discord et quelques mois plus tard on a découvert la plateforme Gather ça a super bien fonctionné ! On utilise cette plateforme chaque fois qu’on fait l’édition Online.
Est ce que vous pouvez nous parler de l’association La Science Entre en Jeu ?
Pol GM : C’est une association qui a pour but de parler de science à travers le jeu vidéo. On fait diverses activités comme des conférences, des visites de musée, de studio de jeux vidéo. Le cœur de l’association reste d’organiser ces Game Jam, on se concentre là-dessus. C’est vraiment ce genre d’événement qui nous différencie des autres associations de médiation scientifique. C’est une association qui est issue de Lyon Game Dev, à l’époque où j’étais à sa présidence. C’est un projet que l’on a lancé au sein de cette structure puis petit à petit ça a pris de l’ampleur et on s’est émancipé de LGD. En 2021, nous sommes devenus une association indépendante, cela a pris entre six mois et un an avant que l’on devienne totalement autonome. On s’entend toujours très bien avec Lyon Game Dev, c’était surtout histoire de réorienter l’asso, car on n’est pas spécifique à Lyon contrairement à nos collègues. Lyon Game Dev a pour mission de rassembler les prospects de jeu vidéo alors que nous, c’est plus science et jeu vidéo.
Est-ce compliqué de trouver des scientifiques ? Ça l’est beaucoup moins maintenant, mais le jeu vidéo est encore un médium parfois assez mal vu par certaines personnes. Est ce que certains sont réticents à l’idée de participer à ce genre d’événement ?
Solenne Marty : Au départ, je dirais que ça s’est fait surtout avec le bouche à oreille. Puis après chaque édition permet de faire un peu plus parler de la Scientific Game Jam, ce qui attire chaque fois un peu plus de monde. Personnellement, c’était un peu compliqué pour moi au début, je ne suis pas issue du monde de la science donc je n’avais pas de contact contrairement à Pol. Maintenant, avec les contacts que l’on s’est créés à travers nos événements, c’est un peu plus facile. On peut contacter des anciens en leur demandant, s’ils n’ont pas un collègue ou de revenir pour parler de son sujet, mais sous un autre angle.
Pol GM complète, il n’y a pas besoin de beaucoup de scientifiques parce qu’il n’y en qu’un seul par équipe. Alors des fois, c’est compliqué d’en trouver ou à l’inverse parfois on en trop. Cela fonctionne bien avec les doctorants, les jeunes chercheurs qui ont envie de parler de leur recherche. Certains ont grandi avec le jeu vidéo, donc ils ne sont pas intimidés.
Solenne Marty et Pol GM, ainsi que Julie m’ont permis de découvrir un événement très sympa. Allié à la science et au jeu vidéo, n’était pas chose aisée, surtout lors d’une période sanitaire compliquée pourtant malgré les aléas la Scientific Game Jam est née et surtout prospère chaque année. Ayant participé à la remise des prix, j’ai pu voir des équipes soudées avec le sourire et qui cherchaient toujours à s’améliorer. On se dit à l’année prochaine pour la prochaine édition !