Tell Me Why est un jeu d’aventure sorti en août 2020 sur Xbox One et PC. Il est développé par Don’t Nod Entertainment et édité par Xbox Game Studio. Récompensé, pour le message qu’il véhicule, ce jeu aborde des sujets sensibles et s’adresse à un public averti. À l’instar d’un Life is Strange le jeu nous emporte dans une histoire touchante avec des personnages qui le sont tout autant.
L’histoire d’un frère et d’une soeur
Attention SPOILER, je vais parler du début de l’intrigue afin de faire une transition parfaite pour le futur paragraphe. La partie commence, on se retrouve dans la salle d’interrogatoire, d’un commissariat. On y voit une petite fille assise, sanglotant, les cheveux mal coupés et surtout du sang recouvre ses mains. Après quelques secondes de discussion, on comprend alors qu’elle vient de tuer sa mère.
Le jeu reprend des années plus tard. On incarne une jeune femme, Alyson. Vous devez préparer vos affaires avant d’aller chercher votre frère dans un centre pour enfants en difficultés. Après cela, ont switch une nouvelle fois de personnage, pour se retrouver avec Tyler.
Là aussi, vous devez préparer vos affaires, car vous quittez le centre pour enfants en difficultés dans lequel vous vivez depuis votre enfance. Vous l’avez donc compris, Tyler est le frère d’Alyson. Mais surtout Tyler, c’était la petite fille que nous avons vue dans la première cinématique. Toutes ces années, les deux frères et sœurs ont été séparés, nous allons donc vivre leurs retrouvailles. Avec sa sœur, il retourne dans la ville où vit Alyson, celle où ils ont grandi. Les deux jeunes gens doivent réparer et ranger leur maison d’enfance afin de la vendre et de partir très loin d’ici.
Tyler doit revenir dans cette maison où s’est déroulé le drame, nous ne savons toujours pas ce qu’il s’est passé. C’est au fur et à mesure que nous apprendrons ce qu’il s’est passé, cependant, tout n’est pas ce qu’il parait. Vous et votre sœur commencées à mener l’enquête. Une enquête compliquée, car elle fait appel à des souvenirs complexes, mais aussi, car Tyler voit pour la première fois, depuis sa transition, des gens qu’il côtoyait quand il était petit. Des retrouvailles parfois compliquées.
La transition de genre au coeur de l’intrigue
Tell Me Why est un jeu qui aborde des thématiques, violences psychologiques, suicide, dépression. La transition de genre, est un des autres sujets abordés, il est même plus qu’abordé, car il est au centre de ce scénario. Ici, on vit cette transition à travers les yeux de Tyler, cette petite fille qui se sentait garçon et qui finira par le devenir. Mais on voit aussi cette transition au travers du regard de sa grande sœur. Une sœur fière de son frère, mais aussi gênée par cette situation, voulant l’aider sans l’offusquer.
On vit aussi cette transition via les yeux des personnages secondaires, des personnes que Tyler à côtoyé quand il était petit. Certains sont gênés ne sachant comment réagir, sans pour autant être dérangé de la situation. D’autres n’en ont pas grand-chose à faire, après tout ce n’est pas leur choix. Enfin, d’autres ne manquent pas d’être véhément envers le jeune homme. Le jeu d’acteur des personnages est vraiment super, car on arrive vraiment à ressentir le malaise de certaines situations. Mention spéciale pour la version française qui est vraiment prenante.
Là où le jeu devient sensible, c’est qu’il traite de la transition de genre au sein de la famille. Dans un temps pas si reculé, mais où il était encore mal vu de changer de genre. Le jeu est parfois dur (niveau scénario) et s’adresse à un public averti. Nous allons vivre les premiers pas de cette transition, mais aussi les premières questions que se posera la jeune fille à l’époque. Les scénaristes n’ont pas peur de montrer les choses et à travers les différents souvenirs de Tyler et Alyson nous allons revivre leur enfance. On comprendra alors que la situation dérangeait la mère de Tyler, ce qui conduira à ce qui s’est passé ce fameux soir.
Des souvenirs comme pouvoir
Alors, oui, c’est grâce aux souvenirs que nous allons revivre l’histoire de ses frères et sœurs. Ces souvenirs ne sont pas des flash-back dans l’histoire, mais un pouvoir que peuvent utiliser Tyler et Alison. Effectivement, en se concentrant sur un objet, une pièce ou même une musique, ils peuvent se remémorer très concrètement des parties de leurs passés.
Cependant, tout n’est pas aussi facile, Tyler et Alyson étant deux personnes à part entière. Elles sont donc différentes en tout point, et n’ont pas la même perception des choses. Certains souvenirs ne sont pas similaires chez les deux personnes alors qu’il s’agit du même souvenir. Par exemple, une dispute avec leur mère pourra être perçue comme violente par Tyler, alors que du côté d’Alyson cela ressemblera plus à une discussion plus qu’à une véritable rixe.
Lorsqu’il arrive ce genre de phénomène où les souvenirs ne coïncident pas, vous devez faire un choix. Les souvenirs de Tyler ou bien ceux de sa sœur Alyson, ce choix aura alors un impact sur le scénario.
Un jeu ou l’histoire prévaut sur le gameplay
Dans Tell Me Why, l’histoire passe bien au-dessus du gameplay, cela n’est pas une mauvaise chose. Enfin, ça dépend pour qui. Effectivement, ici, on se retrouve dans un jeu à la Life is Strange avec un gameplay très lent. On ne vous demandera pas d’être précis comme dans un fps ou un jeu de plateforme. On ne retrouvera pas non plus la nervosité d’un hack ‘n’ slash ou encore la liberté d’un monde ouvert.
Nan, ici le gameplay est lent, les déplacements sont lents, le regard est lent, mais on savoure un scénario bien ficelé avec des personnages attachants. Les plus sensibles d’entre vous verseront même une ou plusieurs petites larmes.
Tell Me Why est un jeu dont le gameplay en rebutera plus d’un, c’est certains. Aussi certains que ces personnes passeront à côté d’un scénario fort et d’un jeu touchant. Le jeu a été récompensé lors de sa sortie et il le mérite, car un jeu qui passe un message. Un message de paix, d’amour et d’ouverture vers l’autre. Si vous avez aimé Life is Strange, nul doute que vous succomberez au charme de la production de Don’t Nod.
