En juin 2020, voyait le jour sur la plateforme itch.io, un projet d’étudiants Français particulier. Créé par un groupe d’étudiants de l’école Isart Digital, Symphonia connaît un succès inattendu sur la plateforme de jeux indépendants. Durant une trentaine de minutes, le projet marquera les étudiants qui décideront par la suite de créer leur studio de développement afin d’aller au bout de leur projet. Le studio Sunny Peak vit alors le jour et quelques années plus tard, en décembre 2024, Symphonia débarque sur PC et consoles.
Symphonia ou l’importance de la musique
Créée par quatre musiciens exceptionnels, la majestueuse cité de Symphonia n’est plus que l’ombre de sa splendeur passée. Son peuple est en proie à la discorde, et la musique, autrefois essentielle à son éclat, s’est tue. Dans un ultime espoir, un automate se met en quête de rassembler l’orchestre légendaire, seul capable de redonner vie à la ville. Il retrouve ainsi Philémon, le plus talentueux violoniste de Symphonia, que le joueur incarne. La mission est alors évidente : réunir les autres musiciens afin de raviver la flamme de la cité.

Pour atteindre son but, Philémon va devoir arpenter quatre biomes à la direction artistique époustouflante, mais remplis de dangers. Symphonia se présente, en effet, comme un jeu de plateforme proche du Die and Retry. Dans le but d’affronter tous ces dangers, Philémon utilisera l’« arme » qu’il manipule le mieux : son violon. En effet, le héros de Symphonia est pacifiste et n’affrontera aucun ennemi, il se servira de son violon, ou plus précisément l’archet de son violon pour se déplacer.
En plus de pouvoir sauter plus haut et prendre de la vitesse en sautant sur son archer à la manière d’un Duck Tales, Philémon va rapidement pouvoir utiliser son archer de différentes manières afin d’avancer dans les biomes. Nous ne spoilerons pas les spécificités de gameplay que présente le jeu, mais Philémon pourra rapidement utiliser son archer dans divers buts. De plus, Philémon devra souvent utiliser son violon pour jouer un air pour débloquer plateformes et autres secrets. Loin de présenter l’originalité d’un Leap Year, par exemple, Sunny Peak propose un jeu de plateforme très classique, parfois frustrant, mais dans un écrin splendide.

Bonheur pour les yeux et les oreilles
L’un des premiers éléments qui marque lorsqu’on lance Symphonia pour la première fois est sa direction artistique. Le jeu est magnifique, les décors sont superbes et les animations des quelques personnages sont délicieuses. C’est bien simple, aucune ligne de dialogue n’est présente dans le jeu, malgré ça, son univers et son scénario (très simpliste) nous sont proposés d’une manière onirique rappelant parfois un film d’animation. Les différents biomes du jeu ont chacun leur ambiance particulière et certaines phases de jeu sont tout simplement sublimes.

Comme on pourrait s’y attendre pour un jeu mettant tant en avant l’importance de la musique, la bande originale de Symphonia est unique. Chaque mélodie du jeu est une composition originale des trois compositeurs Olivier Esman, Alexandre Bucas-Français et Lou Corroyer, interprétée et enregistrée spécialement pour le jeu par le Scoring Orchestra de Paris. L’ambiance sonore du jeu est donc particulièrement agréable et met en avant une première frustration du jeu : cette bande-son aurait pu être mieux intégrée au gameplay du jeu. Lorsqu’on a joué aux niveaux musicaux de Rayman Origins ou plus dernièrement de Super Mario Bros. Wonder, on peut sortir frustré de l’utilisation faite de cette magnifique bande-son.
L’importance de la précision du gameplay
Avec sa direction artistique unique, Symphonia est un jeu de plateforme extrêmement agréable dans les premières heures. Malheureusement, le jeu met rapidement en avant quelques points frustrants. Symphonia se présente sous la forme de tableaux très courts dans lesquels la mort n’est que très peu punitive. Un principe que nous connaissons bien depuis Super Meat Boy et autre Celeste, mais qui semble parfois mal maîtrisé dans Symphonia. Outre certaines imprécisions dans les hitboxs, le jeu gère parfois mal son rythme.
Dans un tableau mettant en avant des cycles, le retour à la vie est toujours « au pire moment ». Recommencer un tableau en avançant directement sera toujours fatal. Il faudra toujours attendre le cycle au départ de chaque essai. Cela peut paraître être un détail, mais dans un jeu exigeant dans lequel on meurt et donc recommence souvent, ce manque de précision est souvent frustrant. Certaines fonctionnalités sont par ailleurs gérées de manière étonnante.

Il est possible de débloquer des paramètres d’accessibilité dans Symphonia. Un double saut afin de faciliter certains tableaux en est un exemple. Bizarrement, ces paramètres se débloquent en découvrant des gouttes de mémoire, des collectibles particulièrement ardus à récupérer. Deux problèmes se présentent alors : je n’avais en premier lieu pas compris que c’était un paramètre d’accessibilité et pensais que c’était simplement un nouveau pouvoir de mon personnage. De plus, après avoir compris son principe, une question se pose : proposer un paramètre d’accessibilité à débloquer après avoir terminé les tableaux les plus durs du jeu a-t-il du sens ?
Le jeu est par ailleurs très court en ligne droite. En trois à quatre heures, il est possible de voir les crédits finaux pour la première fois. Si cette durée étonne au premier abord, elle cache une grande rejouabilité.
Un Metroidvania caché
Après avoir atteint les crédits finaux une première, j’ai été frustré de les atteindre si vite, mais surtout étonné : une impression d’avoir raté de nombreux passages. Symphonia est, en effet, un jeu à arpenter deux fois. Nombreux sont les lieux impossibles à atteindre lors de son premier passage et qui dévoilent finalement des tableaux afin de récolter tous les collectibles du jeu.

Outre ce deuxième passage quasi obligatoire pour découvrir les tableaux les plus ardus du jeu, Symphonia propose un mode Poursuite. Dans ce dernier, le joueur est invité à retraverser le jeu sauf que, cette fois, une ombre maléfique reproduit ses moindres faits et gestes, avec un délai. Une composante qui rappelle fortement Celeste et permet une nouvelle vision du jeu proche du speedrun en attendant le prochain Speedons. Dans le même esprit, un mode Hardcore se débloque après avoir fait preuve de persévérance dans la collecte des objets cachés. Avec un nombre de vies limité, ne pouvant être restaurées qu’à des points de passage espacés, le défi est une fois de plus au rendez-vous.
Exceptionnel dans la forme, que ce soit de par ses graphismes superbes ou sa bande-son unique, Symphonia est un jeu de plateforme finalement très peu original et quelque peu imprécis sur quelques points. Vendu, moins de 20 euros, le jeu reste agréable à arpenter et permet aux fans de jeu de plateforme exigeant de passer un bon moment.


