“Une cloche noire sonne le glas dans les abysses.”.
Vous êtes sur le point de pénétrer dans les entrailles du néant, là où l’horreur se tapit dans l’obscurité. Vous ne voyez rien mais vous savez que quelque chose vous menace, là, tout près. Serait-ce de la peur que je lis dans vos yeux ? On m’avait pourtant dit que vous étiez une personne courageuse… Aujourd’hui je vous présente Malédictions, un recueil d’histoire dans l’univers de Warhammer.
Malédictions : un projet collaboratif par un éditeur niche
Car du courage, c’est ce qu’il vous faudra pour venir à bout de Malédictions, un recueil de récits d’horreur publié en 2020 aux éditions Black Library. Aîné de la collection “Warhammer Horror” lancé par l’éditeur en 2019, cet ouvrage n’en finira plus de vous surprendre. Par son esthétique particulière dans un premier temps, puisque le rouge qui colore la tranche des pages nous donne l’impression d’avoir ramassé le livre alors qu’il baignait dans une marre de sang. De quoi vous mettre tout de suite dans l’ambiance !
Plus tard, quand vous vous attarderez sur la première de couverture, une autre information vous sautera aux yeux. Vous y verrez des noms tels que Josh Reynolds, David Annandale ou encore Alec Worley… Si vous n’êtes pas un grand amateur de la littérature inspirée de l’univers de Warhammer, ils ne vous diront probablement rien. Pour les autres, vous ne serez pas surpris de les voir contribuer à cette œuvre qui promet déjà d’être intéressante.
Une curiosité littéraire portée par 10 spécialistes du genre
C’est en effet l’une des nombreuses particularités de cette œuvre. Mélangeant les nouvelles prenant place autant dans un futur lointain que dans les recoins les plus obscurs des Royaumes Mortels, ce premier tome nous invite de la plus étrange des façons à s’immiscer dans l’univers très étendu de Warhammer. Un format inédit qui compile du 40K et de l’Age of Sigmar : de quoi plaire aux adeptes de la licence.
Ce recueil est suivi de près par deux autres tomes, présentés sous le même format : “Invocations”, sorti en 2020 et “Anathemas”, sorti en 2021.
Vous retrouverez dans ces deux opus quelques-uns des auteurs de cette première collection mais aussi des nouveaux arrivants talentueux à la Black Library. Parmi eux, on retrouve notamment Cassandra Khaw, auteure récompensée tant pour ses livres que les scénarii de ses jeux écrits pour Ubisoft Montréal ; Graham McNeill, l’auteur bien connu de nombreux romans de la série The Horus Heresy et favori constant des fans de la Black Library ; David Annadale, un auteur prolifique en fictions courtes dans les univers de Horus Heresy et Warhammer 40,000 et bien d’autres.
Tous des spécialistes qui manient l’horreur avec une certaine dextérité et qui, d’une main de maître, sortent des sentiers battus et des stéréotypes imposés par le genre.
Au sommaire, 12 histoires à vous glacer le sang :
- Le Népenthès, de Cassandra Khaw;
- La Marée des Veuves, de Richard Strachan;
- Le Mieux est l’Ennemi du bien, de Graham McNeill
- Neiges écarlates, de Lora Gray;
- Le Dernier du Sang, de C L Werner;
- L’Aigle Prédateur, de Peter McLean;
- L’Ultime Ascension de Dominic Seroff, de David Annandale;
- Traumas, de Paul Kane;
- Dans les ténèbres, de Josh Reynolds;
- La Maraudeuse est en Vie, de J C Stearns;
- Les Nullâmes, d’Alec Worley;
- Le Journal de la Colonelle, de Graham McNeil.
Des nouvelles courtes aux multiples références
Bien que l’originalité du format suggère un certain travail de cohérence entre les histoires, il vous faudra faire preuve de souplesse d’esprit pour passer de l’une à l’autre. Même si plus de la moitié d’entre elles se déroulent dans la très large réalité de 40K (et dans divers confins de l’univers), celles prenant racines dans Age of Sigmar vous feront tout autant voyager.
L’histoire qui ouvre ce bal macabre relate la fâcheuse rencontre entre deux frères au service du Mechanicus et une meute de Genestealers d’Ymgarl à bord d’un vaisseau “plus vieux que l’Imperium” situé hors du Warp et qui semble abandonné. L’angoisse s’installe petit à petit alors que le lecteur se fait prendre au piège en même temps de nos deux héros. Une mécanique classique mais qui fonctionne, malgré les nombreuses références technologiques très pointues et qui vous rebuteront sans doute si vous n’êtes pas un amateur de la franchise.
Quelques nouvelles plus loin, vous tomberez sur Neiges écarlates de l’excellente Lora Gray dont la contribution à Malédictions marque des débuts prometteurs à la Black Library. À travers sa proposition dans l’univers d’Age of Sygmar, l’auteure nous plonge dans un récit reprenant les codes de l’horreur psychologique dans lequel le héros semble être le seul à ressentir une présence maléfique qui finira par le rendre fou. Assaisonné d’une touche graphique de gore, vous serez témoin des aspects les plus sombres de la faction Sylvaneth, les énigmatiques Parias guidés par une mystérieuse folie sanguinaire.
Votre lecture vous mènera ensuite à L’aigle prédateur, de Peter McLean. Destination Vardan IV où vous suivrez le Caporal Cully et sa Compagnie dans le déroulement d’une mission d’infiltration et de reconnaissance derrière les lignes ennemies. Mais alors qu’il tente de mener à bien cette mission, notre héros voit son unité se faire décimer par un mystérieux traqueur. Cadavres éventrés, mises en scène aussi glauques que surréalistes, cannibalisme… Vous serez transporté dans l’atmosphère étouffante, humide et dangereuse de cette jungle envahie par les Orks.
Un bon concept mais…
En conclusion, il semblerait que Malédictions s’adresse davantage aux adeptes de l’univers Warhammer. Si c’est le cas pour vous (qui êtes arrivés au bout de cette chronique), je ne peux que vous conseiller ce recueil les yeux fermés ! Malgré quelques disparités entre les nouvelles, l’ouvrage reste très bon avec un concept audacieux mais qui fonctionne (bien que trop centré sur le deep lore à mon goût). Un manque d’ouverture qui pourrait perdre les néophytes dès la première dizaine de pages.