Sony feraient-ils face aux répercussions du procès Epic Games vs Apple ? Un groupe de consommateurs britanniques a décidé d’engager une action collective contre PlayStation. La société est accusée d’avoir profité de sa position pour pratiquer des tarifs excessifs sur ses jeux au format numérique. Le collectif réclame un dédommagement de cinq milliards de livres soit environ six milliards d’euros.
Un air de déjà-vu
Concrètement, le collectif mené par Alex Neill remet en cause la marge de 30% que PlayStation réclame sur toutes les ventes de son magasin en ligne. Cette action en justice renvoie immédiatement au procès intenté par Epic Games contre Apple pour les mêmes raisons. Le monopole d’Apple sur IOS et les 30% de taxation sur chaque vente ont été au cœur des débats de 2020 à 2021. Suite à ce procès, Apple a gagné sur presque tous les points d’accusation. Cependant, la décision de justice (longue de 185 pages) explique qu’Epic n’a simplement pas trouvé les bons arguments pour faire tomber Apple.
Ce qu’il faut retenir, c’est que la juge a dit implicitement que c’est possible. Même si Epic a perdu (ils ont fait appel de la décision du juge), avec un meilleur dossier, quelqu’un d’autre peut y arriver. La principale conséquence de ce procès a donc été de mettre en lumière la vulnérabilité des grands groupes notamment sur la question des 30% de commission. Car, en effet, Apple est loin d’être la seule entreprise à y recourir. Play Store, Steam, Microsoft (sur consoles), Nintendo et bien sûr PlayStation pratiquent également cette tarification.
Le procès PlayStation
En août 2022, une action collective est donc engagée à l’encontre de PlayStation en Angleterre. Alex Neill, spécialiste du droit de la consommation anglais, dirige cette action. Elle accuse la firme de Sony de pratiquer une taxation abusive sur ses produits numériques. Ce qui entraîne une augmentation des prix qui nuit aux consommateurs. Selon le groupe, PlayStation serait responsable de « l’arnaque » d’environ 8.9 millions de consommateurs britanniques depuis le 19 août 2016. Ils réclament donc un dédommagement des victimes présumées à hauteur de 5 milliards £ au total. La plupart des documents juridiques ont déjà été créés. L’action en justice suit donc son cours officiel. Alex Neill a déclaré :
Le jeu vidéo est aujourd’hui la plus grande industrie de divertissement au Royaume-Uni, devant la télévision, la vidéo et la musique. De nombreuses personnes vulnérables comptent sur les jeux pour créer une communauté et tisser des liens. Les pratiques de Sony coûtent cher à des millions de personnes qui ne peuvent pas se le permettre, en particulier au moment où nous sommes en pleine augmentation du coût de la vie.
Si le groupe qui a intenté l’action obtient gain de cause, les conséquences pour PlayStation peuvent être terribles. En effet, une défaite les obligerait à revoir leur commission à la baisse, au moins au Royaume-Uni. Cependant, l’Union Européenne étant de plus en plus impliquée dans la législation du numérique (comme la Belgique qui a interdit les lootboxes sur son territoire), elle pourrait appliquer le résultat du procès sur tout son territoire. Non seulement pour PlayStation, mais aussi pour toutes les sociétés qui appliquent ces fameux 30% de commission. L’Europe étant un marché majeur du jeu vidéo à l’international, les répercussions seraient des plus impactantes pour les acteurs majeurs de cette industrie.
Même si Epic Games a perdu son procès, leur démarche a indéniablement impacté l’industrie du jeu vidéo. Ses répercussions pourraient être à l’origine de changements profonds et durables du médium. Pour le meilleur ou pour le pire, ça reste à voir.