Rare sont les bons films de zombie à sortir ces dernières années. Un genre qui n’est plus trop à la mode et les fans comme moi sont un peu manqué. Très souvent, des films humoristiques, les productions un peu plus sérieuses se font rares. Les Coréens nous avaient régalés en 2016 avec Dernier train pour Busan, c’est d’ailleurs le dernier film de zombie qui m’a vraiment marqué. Cette année est sorti Apocalypse Z : Le début de la fin, loin du chef d’œuvre venu de Corée, ce dernier arrive tout de même en haut du panier de ce qui se produit dernièrement. Un long-métrage inspiré du roman éponyme de Manel Loureiro, il nous propose un scénario touchant et une pression qui monte au fur et à mesure.
Apocalypse Z, une saga de Manel Loureiro
Avant de parler du film, rendons à César ce qui appartient à César ! Apocalypse Z est une saga de l’écrivain et avocat espagnol Manel Loureiro. Né en 1975 Pontevedra, il a entamé des études supérieures dans le domaine du droit. Après avoir obtenu son diplôme, il est devenu avocat, un métier qui exerce encore aujourd’hui en parallèle de ses écrits.
Il a à son actif plusieurs romans, des thrillers, de l’horreur et surtout du zombie avec Apocalypse Z publié pour la première fois en janvier 2014. La saga se décline en trois tomes tous sortis la même année à six mois d’intervalle. Une série qui l’a fait connaître à l’international, cette dernière est d’ailleurs très bien notée sur les forums littéraires.
Les lectrices et lecteurs apprécient le scénario et le développement des personnages. Ces derniers sont très attachants, un point commun avec le long-métrage.
Les zombies débarquent en Espagne !
L’histoire du film prend place de nos jours, on y suit un avocat espagnol qui rentre de chez sa sœur avec sa compagne. Sur la route, une dispute éclate dans la voiture ce qui conduira à un accident. Ce dernier se révèle mortel pour la jeune femme, Manel, lui s’en sort avec quelques égratignures, mais le cœur brisé.
Le scénario reprend un an plus tard, le jeune avocat est toujours en deuil, il vit en compagnie de son chat Loculus et ne donne plus signe de vie à sa famille. Cependant, un étrange incident va secouer la planète. Une pandémie mondiale fait de nouveau surface, plus meurtrière que le Covid, peu à peu les pays de l’Europe ferment leur frontière. La sœur de Manel est embarquée dans un avion grâce à son époux militaire vers les Îles Canaries. Elle demandait à son frère de la rejoindre, mais ce dernier hésite, mais finit par accepter. Durant la file d’embarquement, l’avocat découvre que les billets de tous les passagers ne sont plus valables. Les écrans de l’aéroport affichent que tous les vols sont annulés. Il repart donc chez lui.
Ces annulations font suite à un nouveau variant, ce dernier se transmet par la salive et ou le sang et n’a que quelques secondes d’incubation. D’après les informations, ils rendraient les personnes contaminées, violentes. Notre jeune avocat suit l’évolution depuis la télévision et les réseaux sociaux tout en discutant en visio avec sa sœur.
Deux semaines plus tard, l’heure de l’apocalypse a sonné, les gens sont réunis dans des camps, malheureusement, ils ne feront pas long feu. Les zombies envahissent la planète !
Manel, qui n’a plus de ressource, tente le tout pour le tout en rejoignant la côte pour essayer d’atteindre les Îles Canaries.
Un scénario touchant…
Attention SPOILER ! Le film de Carles Torrens (Apartment 143) met un peu de temps à démarrer. On plonge dans l’apocalypse après une trentaine de minutes. Cela a un avantage et un inconvénient, les plus pressés devront se ronger le frein avant de voir les premiers zombies et les premières scènes d’action. En revanche, cela permet de bien poser les bases et de suivre ce personnage endeuillé par la perte de sa compagne.
Le deuil est d’ailleurs le thème principal du film. Une thématique qu’il aborde jusqu’à la dernière minute que ce soit pour les personnages principaux ou secondaires. Effectivement, vers la fin du scénario, Manel se dirige vers un hôpital pour y trouver un hélicoptère afin de rejoindre les Îles Canaries. Dans ce dernier, il trouvera cinq survivants, deux femmes et trois enfants de moins de dix ans.
Ces derniers ont tous perdu leurs parents lors de la propagation du virus. L’une des femmes, explique alors à Manel qu’ils parlent souvent de leurs parents afin que le deuil se fasse plus facilement. Ne pas s’enfermer dans le silence comme l’a fait notre avocat.
C’est dans cet hôpital que sa femme a perdu la vie. C’est ainsi qu’il savait où trouver l’hélicoptère, car c’est par ce même transport qu’ils avaient été amenés après l’accident. Nous assistons alors à une scène poignante : Manel retrouve la chambre de sa compagne, s’excusant avec émotion, rongé par le sentiment de culpabilité. Il laisse, sur le lit, le bracelet qu’ils avaient échangé quelques années plus tôt.
Le film n’est pas avare en scène touchante, la mort de certains personnages, l’inquiétude de Manel vis à vis de sa famille dont il n’a plus de nouvelles ou encore l’épidémie qui touche absolument toute la population.
… des personnages qui le sont tout autant
C’est ce que j’ai vraiment apprécié dans Apocalypse Z, les personnages sont vraiment poignants grâce à un excellent casting. Manel est interprétée par Francisco Ortiz (Memento mori) qui nous livre une superbe prestation. Un personnage ancré dans le deuil, dépressif, mais qui ne baissera pas les bras pour autant lors de la fin du monde.
On retrouve à ses côtés José Maria Yazpik, un acteur mexicain que l’on a pu voir dans Madame Web. Ici, il interprète un pilote d’hélicoptère ukrainien. Il rencontre l’avocat lorsque ce dernier est repêché en mer par des membres de son groupe un poil austère.
L’infirmière qui le sauvera dans l’hôpital est campée par Berta Vázquez (Bienvenidos a Edén), malgré le peu de temps quel à l’écran, elle se fait une place comme une femme forte prête à tout pour protéger les trois orphelins.
Enfin, j’aimerais parler d’un personnage que l’on voit au début du film, Gabriella, une mamie en fauteuil roulant. C’est une des voisines de Manel dont il fera la connaissance après l’apocalypse. Ils nouent une relation très mignonne et s’entraident grâce au talent de commérage de la grand-mère qui connaît tout le quartier.
Une production Amazon
L’adaptation du roman de Manel Loureiro est faite par Amazon Prime avec Adrián Guerra, Núria Valls à la production. Le premier avait déjà travaillé en collaboration avec le réalisateur sur Apartment 143 en 2011. Quant à Nuria, elle a produit divers longs-métrages, en passant de l’horreur au thriller, film de guerre, etc.
Il est arrivé sur la plateforme de streaming, le 31 octobre, mais avant cela, il avait été présenté au Festival de Sitges où il avait reçu des critiques positives pour son approche unique du genre zombie. Sachez que le film n’est pas disponible sur la plateforme française, il faudra donc ruser pour le voir.
Le long-métrage de Carles Torrens est l’adaptation du premier tome, le film se termine donc sur une fin qui laisse une porte ouverte à une suite. Nul doute que si le film trouve son public, nous devrions avoir une suite dans les années à venir.
Nous avons eu notre bon film de zombie de l’année 2024 ! Un excellent casting qui sublime les émotions de leurs personnages. Des scènes touchantes et intenses, une apocalypse visuellement très bien reconstruite grâce au décor de la ville de Vigo et des environs en Galice. Cette dernière nous offre des paysages urbains, côtiers et forestiers. Agréable à regarder, point bonus si vous êtes de la team chat, Loculus apparaît très souvent à l’écran !