34 minutes, 17 secondes, j’ai réussi à tenir 34 minutes et 17 secondes avant de m’endormir devant ce film. Un exploit ! C’est bien simple, je ne me suis jamais endormi devant un film que je n’avais jamais vu, de toute mon existence. Cependant, ce n’est pas son seul exploit, car le lendemain, j’ai retenté l’expérience. J’ai repris là où je m’étais “arrêté”, je me suis endormi une nouvelle fois, une demi-heure plus tard. C’est très énervant, car The House (Skinamarink) tente des choses géniales ! Cependant, le mélange n’est pas bon, la réalisation est originale, certains plans sont géniaux, il y a une bonne ambiance, le scénario n’est pas commun. Mais tout cela mélangé, ne colle pas, explication.
Une maison vivante
The House nous plonge dans les années 90, au sein d’une maison dans laquelle vit une famille. Les parents ont deux enfants, un garçon et une fille en bas âge. Une nuit, les enfants se réveillent et constatent que leurs parents ne sont plus là. Mais ce n’est pas tout, les fenêtres et les portes de la maison ont elles aussi disparues. La maison se transforme alors en labyrinthe cauchemardesque.
Pour information, Kyle Edward Ball, le réalisateur, a pris le parti de ne pas filmer ses personnages. Du moins les enfants, durant tout le long-métrage, les plans de caméra seront centrés vers le sol, le plafond, les murs ou bien alors en caméra embarquée à travers les yeux des bambins. Les seuls personnages que nous apercevront sont les parents, durant la scène où ils disparaissent qui d’ailleurs est exceptionnelle mais nous en parlerons un plus tard.
Une originalité au niveau de la réalisation, malheureusement, le film est parfois (souvent) incompréhensible.
ON COMPREND RIEN !
C’est le gros point négatif du film, autant ne pas filmer ses personnages est original, autant, on ne comprend absolument rien à ce qu’il se passe. Par exemple sur mon premier visionnage, on aperçoit à un moment une porte apparaître et disparaître avec un bruitage qui nous fait comprendre que quelque chose d’anormal se passe. Je me dis alors que le film commence, que les parents ont disparu et que la maison est en train de se transformer.
Mais il y a une chose que je ne comprends pas, cela n’inquiète pas les enfants, ils jouent aux Lego et regardent des dessins animés, en pleine nuit. Chose que je n’arrive pas à comprendre, premièrement, car si j’avais fait ça, j’aurai été privé de télé et de jouer pendant quelques jours. Et deuxièmement, si les parents ont mystérieusement disparu pourquoi cela n’inquiète pas leur progéniture.
C’est lors de mon deuxième visionnage que j’ai compris que les parents n’avaient pas encore disparu, car j’ai vu la scène en question. Cela arrive quasiment à la moitié du film, le film met donc beaucoup de temps à se lancer. Trop, et avec le parti-pris à la réalisation cela ne colle pas.
Une ambiance oppressante
C’est le point exceptionnel du film, son ambiance. Autant au montage que dans les décors, on plonge vraiment dans les années 90. Côté montage, du grain et de la neige ont été ajoutés à l’image, ce qui donne au film un côté ancien. Pour l’ambiance dans le film, on retrouve des vieux jouets, les dessins animés de l’époque et une décoration assez datée.
Cependant, ce n’est pas ça qui donne une ambiance oppressante et anxiogène au film. C’est d’un côté sa manière d’être tourné, mais nous y reviendront plus tard. Ce qui nous plonge vraiment dans l’ambiance, c’est que le film est tourné entièrement dans le noir. Mais le réalisateur n’utilise pas de caméra nightshot à la Paranormal Activity. Nan, ici, nous sommes plongés dans la pénombre, alors certes, ça n’aide pas à la compréhension. En revanche, c’est oppressant, on ne voit rien, des formes se dessinent dans l’obscurité. Sont elles réelles ou est ce le fruit de notre imagination. C’est un point très fort du film, car il ne nous impose pas de screamer (entre 5 et 10 à tout casser). Nan, ici, on se fait peur tout seul, on imagine, on angoisse.
L’ambiance sonore est elle aussi au rendez-vous, et elle nous plonge, elle aussi, dans un moment oppressant. On entend des bruits, mais on ne sait pas ce que c’est, on ne voit rien, donc encore une fois, le film laisse place à notre imagination. On entend des voix, celles-ci sont assez caverneuses et paraissent venir d’outre-tombe.
Des supers plans …
The House, est super bien filmé, le parti prit de ne pas montrer les personnages est original, certes, on ne comprend rien au scénario. En revanche, on arrive à se situer dans la maison. On retrouve les plans qui sont souvent utilisés dans les films d’horreur, des longs plans séquences et des travellings lent. C’est ce qui va nous plonger dans l’ambiance, mais vous verrez plus tard, c’est aussi ce qui rend le film soporifique.
Les longs plans séquences permettent d’instaurer une tension, ou de nous faire traverser une action avec un suivi de perso par exemple. Ici, ils servent surtout à instaurer une ambiance par le son, car on ne voit pas grand-chose, des pans de murs, des plafonds, le sol, c’est en grande partie par le son que se déroule le film.
En revanche, il y a une scène que j’ai trouvé incroyable et dont je vais vous parler dans les moindres détails, attention spoiler. Il s’agit du moment où les parents disparaissent. Pour commencer, la scène est un long plan séquence de quelques minutes, la caméra n’est pas posée dans un coin. Le réalisateur nous embarque caméra à l’épaule à travers les yeux du fils. C’est un premier bon point, on se retrouve à taille enfant, il y a donc un sentiment d’impuissance et de fragilité, tout paraît grand. L’enfant entre dans la chambre de ses parents, tous deux sont assis aux bords d’un côté du lit.
Il s’approche de son père, celui-ci lui demande de regarder sous le lit, traumatisme d’enfance ! La caméra se penche, on regarde sous le lit, il fait noir, on ne voit rien, on imagine, on angoisse. La caméra se relève, le père est toujours là. Il nous demande une deuxième fois de regarder sous le lit. Et lorsque la caméra se relève, il disparaît.
Nous voyons alors la mère dans le fond, à l’opposé du lit, elle nous parle. Un bruit sourd provient de la porte de la chambre, travelling lent jusqu’à la porte. Rien, à nouveau un travelling lent pour revenir sur la mère, elle n’est plus là.
Tout cela se déroule sur un seul plan, pas un seul cut ! Une tension qui monte, grâce à l’obscurité, les bruits et les mouvements de caméra. Cette scène est juste géniale, dommage qu’elle soit dans un film qu’il ne le soit pas.
… mais qui ne colle pas avec le film
Alors certes, on trouve des plans géniaux et surtout ce qui fait un film d’horreur. Malheureusement, ici, ça ne prend pas. D’une part, à cause du manque de screamer qui est censé venir avec des travellings lents par exemple. Comme je l’ai dit plus haut pendant plus de trente minutes, il ne se passe absolument rien, malgré le fait que The House arrive à nous plonger dans une certaine ambiance.
Utiliser des longs plans séquences et des travellings sans rien présenter derrière, un screamer ou une action par exemple. Cela donne une lenteur insupportable au film. C’est bien dommage, car pour une fois, un film d’horreur était original.
Pour certains, The House sera un chef d’œuvre, pour d’autres un film sans saveur et lent. Pour moi, c’est un parfait exemple d’un mélange d’idées géniales et mauvaises à la fois. Malheureusement, le mauvais l’emporte sur le bon, à cause de lenteur et d’un scénario qui met du temps à démarrer. Rappelons que The House est un film à petit budget, 15 000 dollars en tout et quatre acteurs qui sont tous dans leur premier rôle. Très honnêtement, j’ai tout de même hâte de revoir le réalisateur canadien, avec du budget, je suis persuadé qu’il pourrait faire d’excellentes productions. Je vous conseille tout de même de vous faire un avis par vous-même sur le film, il vaut le détour ne serait-ce que pour la réalisation et son originalité.